Livres d’auteurs de la région
Nouveaux livres d’auteurs de la région pour petits et grands
Migros soutient des talents locaux pour les aider à se développer. Derniers venus dans le domaine de la lecture : i-lirédition et l’auteur neuchâtelois Yvan Sjöstedt.
«J’ai essayé de redynamiser l’aspect du livre»
Ilir Xheladini a créé sa propre maison d’éditions à Cressier (NE) en 2020. Il propose des livres interactifs pour les enfants, œuvres d’auteurs neuchâtelois.
Légendes : Ilir Xheladini est à la fois auteur et éditeur d’histoires pour enfants.
Texte : Fabrice Aubert Photos : DR
Lancer une maison d’édition, un pari un peu fou ?
Oui effectivement, on pourrait croire qu’à notre époque le livre perd de son attrait, toutefois la lecture, l’écriture qui anime notre âme est plus forte que la crainte de ce pari fou. Le choix des textes que notre maison d’édition propose c’est d’offrir à nos lecteurs des émotions, des frissons et du plaisir. Notre but premier est que le lecteur garde le lien avec le livre. Je dirais même que nous somme les gardiens de la continuité de ce lien.
Comment se fait le choix des auteurs ?
Avant tout ce sont les textes qui nous portent. Le choix des mots, le style d’écriture, la crédibilité des personnages, l’importance du message, la créativité de l’histoire. Tout ceci nous amène vers le choix de l’auteur. Ceci étant dit, j’ai eu de la chance de trouver en Suisse Romande en général et particulièrement dans le canton de Neuchâtel des pépites qui attendaient de briller, que nous les avons transformés en livre et beaucoup attendent leurs tours. Il est très important de préciser que les liens qui unissent les auteurs et i-liredition est unique. Nous essayons d’être une famille ou les échanges, l’entraide et la collaboration entre auteurs est grande et créative.
Quelle est la spécificité de i-lirédition ?
Notre passion et notre challenge est de garder et de renouer les liens entre le lecteur et le livre. De ce fait j’ai essayé de redynamiser l’aspect du livre en créant une gamme plus jeune avec des dessins expressifs, attrayants et des histoires envoyant des messages eux enfants comme la protection de notre planète, le respect des autres, l’amitié, etc. Ainsi des polars et romans pour que les lecteurs puissent voyager à travers les récits.
Quels sont les plus gros challenges pour une maison d’édition locale en Suisse ?
Vu l’offre sur le marché du livre il est très difficile de se positionner en tant que maison d’édition Suisse. Les challenges sont grands et nous investisons beaucoup d’énergie pour offrir aux familles des livres qui les accompagnerons dans les moments d’échange avec les enfants et surtout des livres accessibles au budget des familles, tout en publiant des auteurs de notre région et surtout de mettre au monde des nouveaux auteur.e.s Suisses.
Pourquoi cibler les livres pour enfants ?
Le monde des enfants est un monde merveilleux. Étant moi-même auteur, l’écriture des histoires pour les enfants est réjouissante et captivante, tout en étant complexe quant au choix des mots et de l’histoire. Il faut faire très attention à la dynamique du texte pour garder l’attention des enfants. L’écriture des textes pour les enfants s’impose d’elle-même quand on est parents, grands-parents, oncles ou tantes. Quoi de mieux que d’écrire pour un enfant lorsqu’on voit à la lecture de l’histoire un sourire illuminer son visage et l’entendre redemander régulièrement la lecture du texte.
Quelle est votre plus-value dans le secteur des livres pour enfants ?
Comme le décrit si bien notre slogan « Les livres qui parlent » nous sommes la première maison d’édition Suisse qui a doté ses livres d’un QR-Code permettant d’écouter l’histoire en suivant le texte et en admirant les illustrations. De ce fait, nous offrons aux enfants la possibilité tout en écoutant l’histoire d’approfondir l’apprentissage de la lecture. Cette version audio offre la possibilité aux enfants d’écouter l’histoire même lors de déplacements en voiture ou en dehors de la maison. Selon les dires de certains lecteurs, hormis les jolies histoires c’est grâce au QR-Code que certains enfants en difficulté d’apprentissage ont le sentiment de devenir indépendant lors de la lecture. Donc, ils peuvent lire un livre sans l’aide des autres.
Editeur neuchâtelois : une passion ou un métier ?
C’est la passion qui prime vers un métier passionnant. Ce qui anime mon quotidien, c’est l’acheminement d’un manuscrit vers la création d’un livre, qui passe par plusieurs étapes.
- Le premier c’est le plaisir de découvrir des textes en avant-première.
- Les réunions avec le comité de lecture pour discuter des textes.
- La création de l’image du livre, la couverture.
- Le choix des illustrations et les couleurs
- L’impression avec tous ses contraintes
- L’acheminement vers les librairies et les rencontres avec les lecteurs lors des dédicaces.
Donc, le quotidien est entremêlé de plusieurs corps de métiers, dont la créativité est de mise et la passion se ressent dans nos créations. Hormis, la continuité de notre collection existante de livres jeunesse, romans et polars, cette année nous commençons une collection de plus de 50 livres jeunesse à travers 4 personnages scientifiques dont la publication se terminera en 2028.
«J’ai de tous temps aimé les mots»
Après «Un poil de trop», Yvan Sjöstedt publie son deuxième roman «A un poil près».
Légende : Pour Yvan Sjöstedt, écrire c’est observer, écouter et comprendre ce qu’il se passe dans les comportements des personnes avant de le retranscrire.
Texte : Fabrice Aubert Photo : Petar Mitrovic
Présentez-vous en quelques mots !
Mon nom est d’origine suédoise, mais j’ai toujours vécu en Suisse romande bien qu’ayant de la famille dans le Nord de l’Europe. Avec un tel patronyme, j’aurais peut-être pu écrire des polars, mais il n’en est rien. J’ai grandi dans le beau village d’Auvernier avec une enfance joyeuse garnie de belles amitiés. Aujourd’hui me voilà dans le Val-de-Ruz depuis une trentaine d’années. Mon activité s’est concentrée autour du travail social comme éducateur, puis je suis devenu formateur à Yverdon, dans le même domaine.
Comment êtes-vous devenu écrivain ?
« Devient-t-on écrivain ? », je ne sais pas s’il est possible de devenir quelqu’un qui écrit. Ce que je sais, c’est que très jeune, j’ai toujours écrit, j’ai de tous temps aimé les mots, leurs sonorités ainsi que leurs sens. Principalement lorsque ces mots sont au service du rire ou de l’émotion. De ce fait, écrire est une opportunité pour moi de pouvoir m’exprimer et c’est également une chance énorme de pouvoir être publié aujourd’hui. Écrire c’est à la fois l’amour du mot, mais c’est ensuite une forme de technique, ce n’est pas que du talent.
Qu’est-ce qui vous inspire dans l’écriture de vos romans ?
Pour moi, écrire c’est tout d’abord observer, regarder, écouter et ensuite comprendre ce qu’il se passe dans les comportements des personnes. Ensuite, il s’agit d’essayer de retranscrire le profil de ces personnages dans une histoire. Chaque être humain est important quelle que soit son attitude, ses convictions ou encore les émotions qui l’habitent. Ce qui est pour moi fondamental, c’est de permettre à ces gens d’exister dans un univers imaginé dans lequel, l’on peut retrouver tout ou partie des personnages qui habitent l’histoire. Pour finir, je suis forcément influencé par les auteurs que je lis.
A quel point vos récits/lieux/personnages sont-ils inspirés de la réalité ?
Il m’est impossible de me départir de la réalité. Elle est omniprésente dans mon existence et dans celle de tout le monde. Ce qui m’inspire, c’est le cheminement au cours duquel telle ou telle personnalité arrive à se mettre dans telle ou telle situation. Cela peut m’amuser, m’interroger tout comme m’émouvoir, à l’image d’autres écrivains qui savent si bien saisir votre attention avec leurs personnages, les circonstances de leur récit ou encore les conséquences des interactions entre les protagonistes de l’histoire.
3 raisons de lire votre nouveau roman ?
Tout d’abord, la relation de proximité entre les différents personnages de l’histoire de mon livre. Nous avons traversé une période sombre avec la pandémie qui a privé beaucoup d’humains de relations. En particulier les personnes âgées ainsi que les jeunes. La relation à l’autre est fondamentale pour vivre. Nous avons besoin de cette proximité. Nous retrouver, parler, rire, peut-être pleurer… ceci, sans doute pour mieux retrouver la distance adéquate.
Ensuite, j’ai un profond respect pour les « bras cassés ». Entendez par-là que passablement de personnes se donnent un mal de chien pour mettre en œuvre des actions pour le bien collectif et celles-ci finissent parfois par se casser la gueule juste parce que les contextes ou les autres protagonistes ne se trouvent pas au diapason. C’est parfois aussi parce que les différents acteurs ont beau y mettre du cœur, cela ne suffit pas. C’est ce que vous trouvez dans mon roman.
La troisième raison réside dans le fait de promouvoir la tolérance. Chacun fait de son mieux en ce monde, je le pense sincèrement. Ce qui pose des problèmes, c’est que les actes ou les paroles de ces « chacun » ne sont pas interprétées à leur réelle intention, d’où des décalages. Dans mon livre, ils sont cocasses. Dans la vie cela l’est parfois moins.
Comment définiriez-vous votre style ?
Je pense me trouver proche des humains, c’est-à-dire avec des attentes autour du monde qui m’entoure tout en sachant que c’est à moi d’agir et de ne pas attendre des autres que cela se fasse. Alors mon style est empreint de plein de compassion pour les erreurs des autres, mais aussi plein d’exigences pour ceux qui prétendent être ce qu’ils ne sont pas. Pour conclure avec mon style, je dirais qu’il est capable de s’amuser des certitudes qui habitent passablement de mes voisins de cette planète.
Quelle est l’importance de l’humour au quotidien selon vous ?
Vaste sujet. L’humour n’est pas toujours du goût de tous aujourd’hui dans le sens que nous connaissons une époque dans laquelle ont surgi une foule de tabous. Nous voici soudain soumis à des codes, on ne rit plus avec n’importe qui ou de n’importe quoi. De ce fait, s’il est dit que le rire est le propre de l’homme, j’ajouterais qu’il vaut mieux l’avoir fait labelliser par un consortium de grands spécialistes. Blague à part, nous avons plus que jamais besoin d’humoristes, de clowns, de dessinateurs de presse qui fustigent la bêtise quotidienne auto-alimentée. Sans rigolade, je crois que nous serions destinés à une sorte de folle descente dans des sphères que nous ne supporterions pas.
C’est quoi la vie d’un auteur neuchâtelois ?
Je vais m’exprimer en tant que personne et ensuite parler de façon plus générale si vous le permettez. Avoir la chance inestimable d’être édité aujourd’hui est à saluer pour ceux qui en prennent le risque. J’ai eu cette chance et je travaille aujourd’hui sur d’autres textes sans pour autant avoir l’assurance d’être édité. Je salue les éditeurs qui sont des aventuriers, des vrais. Un auteur neuchâtelois est aujourd’hui soumis aux mêmes contingences. Y’aura-t-il un éditeur qui voudra bien prendre le risque de publier mon ouvrage ? Personne n’a la réponse. Dans le canton, nous disposons de talents et de plumes incroyables. Certaines ayant déjà publié, d’autres sont en attente. Très peu d’auteurs.trices vivent de leur écriture. Ensuite, il y a les libraires. Dans notre région, nous avons la chance de disposer de libraires qui sont incarnés.es par des personnes magnifiques, qui croient en leur action de promouvoir la lecture des auteurs.trices régionaux, mais aussi internationaux avec la conviction que leur métier s’avère représentatif de la culture. Au-delà des auteur.trices, ce sont ces gens-là qui devraient être mieux soutenus, tant leur rôle est essentiel. C’est un résumé de ce que pense un auteur neuchâtelois qui de toute manière (il n’est de loin pas le seul), ne vit pas de son écriture.
Où trouver les livres ?
Les livres de i-liréditions et Yvan Sjöstedt sont disponibles dans les magasins Migros de : Fleurier, Cernier, Hôpital (Neuchâtel centre), Métropole Centre (La Chaux-de-Fonds), Morat, Peseux, Le Locle, Les Eplatures, Marin Centre.